Après les révélations accablantes sur les crimes sexuels commis par des prêtres, évêques et laïcs, c’est au tour des religieuses d’être mises en cause par la série documentaire flamande « De nonnen » (« Les nonnes»), diffusée sur VTM. Les témoignages recueillis y décrivent un système de terreur, de maltraitances physiques et psychologiques, d’enlèvements d’enfants, d’accouchements sous X, d’adoptions forcées et de suicides de jeunes pensionnaires dans des orphelinats, refuges et institutions gérés par des congrégations religieuses. Ces révélations s’ajoutent à une longue liste de crimes commis au sein de l’Église catholique, dans une impunité quasi totale et avec la complicité passive, voire active, des États.

Un régime de terreur institutionnalisé

Les premiers épisodes de « De nonnen » révèlent l’horreur vécue par des enfants et jeunes filles placés sous la responsabilité des Sœurs Saint-Vincent dans un ancien couvent de Zelem (Halen), jusqu’aux années 1970. Violences physiques et psychologiques, punitions assimilables à de la torture, disparitions suspectes : ces pratiques ne sont pas des cas isolés, mais bien le reflet d’un système de domination et de cruauté organisé. La ministre flamande de la Justice, Zuhal Demir, a raison de souligner que l’Église a démontré, à maintes reprises, qu’elle n’était « pas un partenaire fiable ». Elle exige que l’accompagnement des victimes soit confié à des experts indépendants et que la lumière soit faite sur ces agissements, notamment sur l’éventuelle existence de « tombes anonymes », comme celles découvertes en Irlande, où des centaines de bébés morts dans des institutions catholiques ont été enterrés dans des fosses communes.

L’impunité, complice des crimes

L’Église catholique n’a pas le monopole des abus, mais leur ampleur dans les pays où elle est dominante est sans commune mesure. Partout où des enquêtes ont été menées, des milliers, des dizaines de milliers de victimes ont été identifiées, et des réseaux de crimes sexuels, de prédation, de vol et de vente d’enfants ont été mis au jour. Pourtant, malgré l’ampleur des faits, l’institution ecclésiastique continue de bénéficier d’une impunité de fait, voire de droit, dans de nombreux pays, y compris en Belgique. Les concordats et accords tacites avec les États protègent les responsables, tandis que les victimes se voient refuser justice et réparation à la hauteur de leurs préjudices.

La complicité de l’État en question

Dans un communiqué conjoint avec le BELP, en 2022 (ici), nous disions que « les faits massifs et répugnants et l’omerta criminelle de la hiérarchie catholique posent des problèmes juridiques, politiques et institutionnels ». Les révélations successives posent une question fondamentale : pourquoi les gouvernements successifs, les parquets et les institutions judiciaires ont-ils fermé les yeux pendant des décennies ? Pourquoi l’Église catholique est-elle encore traitée comme une institution au-dessus des lois, alors que ses crimes sont documentés, massifs et systématiques ? La complicité de l’État belge, à toutes les niveaux, est aujourd’hui pointée du doigt. Les fidèles eux-mêmes, en rébellion ouverte, exigent des condamnations pénales, des indemnisations à la hauteur des préjudices subis, et quittent massivement l’Église.

Il est temps d’agir Face à l’omerta criminelle de la hiérarchie catholique et à l’inaction criminelle de l’Etat, nous exigeons :

  • La Séparation des Églises et de l’État et donc la fin du financement des cultes et de leurs œuvres (Ecoles, hôpitaux, orphelinats, maternités, etc.) et non une inscription de la laïcité dans la Constitution, pour que rien ne change (là).

  • La fin de l’impunité : que tous les responsables, qu’ils soient clercs, religieux ou laïcs, soient traduits devant la justice civile, sans privilège ni protection.

  • La vérité et la réparation : que des enquêtes indépendantes soient menées, que les archives de l’Église soient ouvertes, et que les victimes reçoivent une indemnisation intégrale, financée par l’institution coupable, et non par le contribuable.

  • La fin des privilèges : que l’État cesse de traiter l’Église catholique comme une entité intouchable, et qu’il assume pleinement son rôle de garant de la justice pour toutes et tous. Le culte islamique n’a-t-il pas été mis sous tutelle pour ne pas avoir assurer la parité hommes-femmes dans son exécutif…

Nous ne laisserons pas ces crimes sombrer dans l’oubli. Les victimes méritent justice. La population mérite la vérité. L’Église catholique et ses servants doivent répondre de leurs crimes devant les tribunaux civils, comme toute autre organisation criminelle.

L’Église catholique a les moyens de payer, elle doit payer.

Le CLP/KVD et le BECLP appellent les citoyennes et citoyens à soutenir et à rejoindre le Congrès international de l’Association Internationale de la Libre Pensée (AILP) qui se tiendra à Grenoble et Lyon les 10 et 11 octobre 2025 et qui a mis cette question au centre.

A Bruxelles/Paris le 1er Septembre 2025

Renseignements et inscriptions au Congrès de l’AILP sur : https://internationalfreethought.org/ixe-congres-ailp-programme/

et en Belgique auprès du CLP/KVD : clp.kvd@gmail.combeclp@laposte.net